Thursday, January 15, 2009

Gaza: l'Union, divisée et incapable de sanctionner Israël


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Les États membres de l’Union sont sidérés par la violence extrême déployée par Israël à Gaza depuis quinze jours, mais ils n’envisagent pas de prendre de sanctions contre Tel-Aviv. La Commission européenne a néanmoins annoncé, hier, le gel du processus de « rehaussement » de l’accord d’association existant entre l’État hébreu et l’Union qui doit lui permettre de participer à une série de programmes communautaires, même extrêmement sensibles (comme Galiléo, le GPS européen), ainsi qu’à des rencontres politiques de haut niveau. Il est vrai que la conclusion d’un tel accord en ce moment serait perçue comme un soutien à la politique israélienne. « Déjà que les Palestiniens peuvent voir les dirigeants européens faire la bise à Tzipi Livni, la chef de la diplomatie israélienne, ce n’est pas la peine d’en rajouter », ironise l’eurodéputée Véronique de Keyser (socialiste belge) qui s’est rendu dimanche, avec une délégation du Parlement européen, dans la bande de Gaza.

Hier, lors d’un débat à Strasbourg, plusieurs députés de gauche ont appelé les Vingt-sept à suspendre l’accord d’association qui lie l’État Hébreu à l’Union : « jusqu’où doit ont aller dans la violation du droit international pour faire jouer la clause « droits de l’homme » » que contient ce texte, s’est ainsi emporté Hélène Flautre (Vert, France). « On n’en est pas là », reconnaît-on à la Commission, l’Union étant profondément divisée sur la question israélienne. D'ailleurs, le Parlement européen, qui a voté aujourd'hui une résolution (à main levée) ne demande pas de sanctions, même s'il dénonce "l'embargo sur la bande de Gaza (qui) représente un châtiment collectif en contradiction avec le droit humanitaire international".

Déjà, c’est une sorte de petit miracle qui a eu lieu à Paris, le 30 décembre, lors la présidence française 20081229t191111z_01_apae4bs1hav00_r de l’Union a convoqué en urgence une réunion des ministres des Affaires étrangères : « la rencontre a été extrêmement tendue avec une violence verbale réelle », raconte un diplomate. « Certains, comme la République tchèque, le Danemark, les Pays-Bas ou encore la Suède voulaient juste un communiqué condamnant le Hamas ». En face, la France, la Grèce ou encore l’Espagne ont refusé, faisant valoir qu’à tout le moins la responsabilité du conflit était partagée. « Comme toujours dans ces cas là, c’est le plus petit dénominateur commun qui l’a emporté », poursuit ce diplomate : « on n’a pas parlé des responsabilités, mais au moins on a appelé à un cessez-le-feu immédiat ». « C’est déjà énorme », souligne-t-on du côté français. De fait, en 2006, les Vingt-sept n’avaient pu se mettre d’accord sur un tel appel lors de la guerre du Liban, les États-Unis soutenant alors l’offensive israélienne contre le Hezbollah.

Reste que, depuis la réunion de Paris, Prague, qui préside désormais l’Union, n’a toujours pas jugé nécessaire de réunir à nouveau les chefs de la diplomatie européenne, laissant chacun développer sa diplomatie parallèle. L’Union, qui a su préserver son unité, est donc réduite au silence. Il est vrai que les Tchèques, proisraéliens affirmés, ne sont pas pressés de mettre la pression sur Tel-Aviv. Ainsi, ce n’est pas un hasard si le premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, a refusé la proposition de Nicolas Sarkozy de l’accompagner dans la région…

Bref, comme on le reconnaît à Bruxelles, « on attend de voir ce que va faire Barack Obama », d’autant qu’on estime que la solution passe en grande partie par l’Iran qui soutient le Hamas et le Hezbollah. « On n’est pas brillant, c’est vrai, mais pas plus que le reste du monde », soupire un diplomate. « Et puis, on est les principaux fournisseurs d’aide aux Palestiniens », se console-t-il. Même si, pour l’instant, elle ne parvient plus à ses destinataires.

(photos: Reuters)

http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/01/gaza-lunion-div.html


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